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Quand le public chante... l'artiste paie

  • Photo du rédacteur: Marie-Avril Roux Steinkühler
    Marie-Avril Roux Steinkühler
  • 5 mai
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 24 juin

En Allemagne, une décision judiciaire vient de faire beaucoup de bruit dans le monde de la musique et du droit.


Le rappeur Fler est condamné à 65 000 € d’amende… pour des paroles qu’il n’a pas chantées lui-même, mais que son public a reprises en concert.


Le conflit entre Fler et Bushido s’intensifie. Dans son diss track (œuvre musicale dont les paroles s'attaquent directement à une personne) « No Name », Fler s’en prend violemment au rappeur Bushido, pionnier du gangsta rap allemand, à sa femme et même à ses enfants. Une phrase particulièrement explosive suggère que Bushido ne serait pas le père biologique de ses enfants. Le 11 décembre 2019, le tribunal de Munich interdit la diffusion de ces propos, considérant que ces paroles portent une atteinte illicite aux droits de la personnalité des enfants de Bushido – sous peine d’amende. Interdiction que le rappeur a plus ou moins respecté...


Mais à l’été 2023, lors de trois concerts, Fler tend son micro au public, qui reprend en chœur les paroles interdites à sa place. Lui garde le silence, mais ne fait rien pour les en empêcher.


Pour les juges, le message est clair : Fler sait que les paroles sont interdites et encourage leur diffusion par son public. Il ne chante pas, mais il laisse faire, voire encourage.


Le tribunal de Munich, le 21 février 2024, le condamne. La Cour d’appel de Munich confirme ce jugement le 17 avril 2024.


Puis, le 19 décembre 2024, la Cour constitutionnelle fédérale rejette son recours : Fler doit répondre non seulement de ses paroles, mais aussi de celles qu’il fait scander par d’autres. Inciter le public à contourner une décision de justice, c’est y contrevenir soi-même.


Et la liberté artistique ? La Cour la reconnaît, mais rappelle une limite simple : elle n’autorise pas à contourner sciemment une interdiction judiciaire.


En clair : on ne peut pas se cacher derrière son public.


Il s'agit d'une décision intéressante à comparer avec le droit français : comment nos juridictions apprécieraient-elles une telle "délégation" à la foule dans un contexte d’interdiction judiciaire ?


Crédits : Vishnu R Nair

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